20 juillet 2022
Le premier bâtiment passif de Corse est né à Cristinacce, un village situé à plus de 800 mètres d’altitude en Corse du Sud. Il est le fruit d’une volonté, celle d’un maire et de son équipe, de créer, dans la montagne Corse, des logements exemplaires sur le plan environnemental. Témoignage
Il faut un début. Toujours. Et un précurseur. De ceux qui osent s’aventurer sur des terres inconnues. Inconnues et parfois orageuses. Antoine Versini est de ceux-là. Maire de Cristinacce, petit village de montagne, l’homme et ses collaborateurs municipaux se sont lancé un défi : transformer une vieille et hideuse bâtisse en ruine en un bâtiment passif innovant et habitable.
Un projet architectural inédit en Corse
L’histoire a débuté en 2014. « Il y avait cette verrue au milieu du village », raconte Antoine Versini. « Je voulais qu’elle soit la genèse d’un projet architectural inédit sur l’île : la construction de trois logements communaux (de type T2, T3 et T4) alliant économie d’énergie, circuits courts, savoir-faire et matériaux locaux, et qui s’intègrent parfaitement dans le paysage environnant ».
Savoir-faire et matériaux insulaires
Un appel à candidature, un pré-projet proposé par le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement de la Corse du Sud, et une consultation de maîtrise d’œuvre plus tard, le choix se portait sur la proposition du cabinet Orma Architettura : une structure et un revêtement essentiellement composés de bois. « Mais pas n’importe quel bois », précise Antoine Versini. « Du pin Laricio issu de la forêt d’Aïtone, une forêt située à 5 kilomètres du village ». La filière bois insulaire sera donc mise à contribution, avec la participation de l’ONF : marquage des arbres en forêt, traçabilité des bois attestant l’utilisation d’essences locales, etc. Avec elle, de nombreux autres professionnels. Parmi eux, Solertia Ingénierie pour les calculs thermiques, le choix des isolants, la conception de la ventilation, du chauffage et de la production d’eau chaude, et Lignum Corsica, la marque certifiant les bois de Corse. Et des financeurs, bien sûr : la Collectivité de Corse, le Conseil général de Corse du Sud, l’Agence de l’urbanisme et de l’environnement de la Corse, et une dotation parlementaire du député Laurent Marcangeli.
Retours d’expérience
« Nous sommes tellement bien dans notre logement », explique une locataire, « que nous avons quasi déserté Ajaccio pour vivre principalement au village. Cet hiver, lorsque les rayons du soleil traversaient la baie vitrée pour se poser sur le canapé, nous étions parfois à deux doigts de fermer les volets ! Et en ces temps de canicule, nous ne souffrons absolument pas de la chaleur ». Du côté des entreprises, on reconnait que le chantier a été un véritable défi. « Nous avons installé du matériel particulièrement efficace, rarement installé en Corse dans des logements (notamment une ventilation double flux) », explique Elisabeth Rossi-Sutter de Solertia Ingénierie. « Nous en avons vérifié et réglé le fonctionnement par des contrôles en fin de chantier. Heureusement nous avons travaillé avec des équipes compétentes et impliquées qui ont su s’adapter (nous avons parfois dû changer d’option technique en cours de route pour arriver au résultat souhaité) ».
Exigence de résultat
5 ans. Il aura fallu 5 ans pour que ce projet aboutisse. Un long chemin parfois semé d’embûches. Et pour cause ! Une initiative inédite, audacieuse et performante implique forcément une exigence de résultat. Pour la région qui a choisi de soutenir les projets exemplaires par le biais d’appels à projet, pour les futurs occupants et pour l’ensemble de la population. Elle implique également des plâtres, que le maire de Cristinacce a essuyés à diverses étapes du projet. Elle implique un professionnalisme modèle et une sensibilisation au projet tout aussi exemplaire. « Le confort des futurs occupants n’était pas le seul enjeu », explique Antoine Versini. « C’est l’avenir d’une filière emblématique de la Corse qui se jouait ici ! »
Une certification responsable
Il a donc fallu garantir la performance. S’assurer du confort et de la basse consommation d’énergie. L’entreprise PROPASSIF a donc contrôlé le projet du début à la fin. Chaque détail au cours de chaque étape a été examiné scrupuleusement et jugé conforme aux objectifs. Ainsi, le projet s’est vu doté du label Passivhaus, caution indispensable attestant d’un objectif certes ambitieux, mais surtout réussi.
Le bâtiment passif, l’avenir de la Corse ?
Confort inégalé en été comme en hiver, qualité de l’air, faibles consommations, respect de l’environnement, bâtiments pensés pour durer dans le temps, autant d’atouts qui ne pouvaient que susciter l’engouement des habitants du village et des partenaires. Antoine Versini, lui, espère avoir « lancé un pavé dans la marre des constructions insulaires » en faisant de cette construction passive, la première d’une longue série…
Découvrez les caractéristiques du projet : https://passivehouse-database.org/index.php?lang=de#d_6661
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