L'Édito,

L'été est enfin là, et avec lui, les vacances tant attendues. C'est l'occasion parfaite pour se détendre et se ressourcer. Cette année, pourquoi ne pas allier plaisir et responsabilité en choisissant des destinations aux bâtiments certifiés passifs et écologiquement responsables ? Un lieu de vacances passif, c'est avant tout un endroit où l'efficacité énergétique est maximisée. Ces lieux sont conçus pour réduire au minimum la consommation d'énergie grâce à une isolation optimale, l'utilisation de matériaux durables, et souvent des systèmes de chauffage et de refroidissement aussi naturels que possibles. Imaginez-vous séjourner dans une maison où la température est toujours agréable, sans avoir besoin de climatisation énergivore. C'est non seulement confortable, mais aussi bénéfique pour notre planète.

Le passif et la rénovation : un combo gagnant

Le projet OutPHit, regroupant 10 partenaires européens et coordonné par le Passive House Institute en Allemagne, a été lancé en 2020 pour aborder les enjeux environnementaux et sociaux liés à la rénovation. Ce projet se conclura le 31 août 2024 et donnera lieu à la publication de nombreux livrables, permettant de mesurer son impact positif et sa portée globale.
Au cours des quatre dernières années, OutPHit a mis l'accent sur l'assurance qualité, la rapidité et la rentabilité des rénovations. C’est pourquoi il se base sur le label EnerPHit, qui vise une haute performance énergétique ainsi qu’un grand confort, tout en tenant compte avec intelligence des contraintes des bâtiments existants
Le principal objectif d'EnerPHit est de proposer un objectif de rénovation pour les bâtiments ayant réussi à réduire considérablement leur consommation d'énergie tout un assurant leur confort été comme hiver, le tout permettant ainsi des économies substantielles sur les factures énergétiques pour ses occupants. De plus, le label valorise outre l'amélioration du confort thermique mais aussi la qualité de l'air intérieur pour les occupants. Grâce à une isolation et une ventilation optimisée, les résidents bénéficient d'une température constante et agréable tout au long de l'année

Le projet européen outPHit visait à démontrer la possibilité de réaliser ces rénovations de manière plus rapide, pluis efficace et moins couteuses grâce à l’utilisation de caissons préfabriqués et en milieu occupé. Les « case study » ont partiellement répondu à la question de manière spectaculaire. Le Covid a fortement impacté le projet en le touchant de plein fouet dans ses débuts. La fin (repoussée d’un an) a permis de faire la démonstration que ces modes constructifs novateurs permettent de répondre à la question de manière positive, tout en prenant des précautions aux bons moments lors de la mise en oeuvre. Les documents mis en ligne sur le site préciseront la démarche.

- La pré-labellisation des caissons (Design Stage Approval)
- Le monitoring simplifié (Simplified monitoring) des cas d’études
- Les stress test du confort estival (Summer stress test)
-Le MEET (Manufacturing Embodied Energy Tool)

L'Analyse du cycle de vie

Depuis l’inclusion des critères environnementaux dans la réglementation thermique en Europe, le calcul d’Analyse de cycle de vie (ACV) est devenu un sujet central du bâtiment.
L’ACV c’est l’étude de l’impact que peut avoir un élément au cours de sa durée de vie. L’impact peut être mesuré avec plusieurs facteurs différents, comme l’impact en gaz à effet de serre, l’impact sur la couche d’ozone ou bien l’utilisation des ressources énergétiques.

La « vie » d’un élément est divisé en 4 étapes principales avec elles même leurs sous étapes, dont l’impact de chacune est quantifié :
A : La construction et de la mise en œuvre, de la récupération des matières premières jusqu’à l’installation du produit
B : L’impact du produit pendant sa durée de vie, que ce soit par maintenance, son usage ou son utilisation de ressources.
C : La fin de vie de la déconstruction de l’objet jusqu’à son traitement et sa décharge.
D : La mise en valeur des restes grâce à une possible réutilisation, récupération ou recyclage.

C’est dans le cadre du projet européen OutPHit et de cette nouvelle réglementation que le Passivhaus Institut et Propassif développent leur propre outil d’ACV, le MEET. Le MEET - Manufacturing Embodied Energy Tool ! (Outil de calcul de l’énergie grise manufacturée) permet un calcul d’ACV se basant sur le codage de l’outil de labélisation Passivhaus : le PHPP.Une fois la simulation énergétique finalisée sur l’outil Excel PHPP, MEET a pour vocation d’agir comme une extension utilisant une base de données environnemental afin d’obtenir l’ACV du bâtiment. L’outil MEET est dans sa phase de beta testing. Il permet pour l’instant un calcul à l’aide de la base donnée allemande Ökobaudat et la base donnée française INIES. L’outil MEET devrait se développer encore davantage dans les années à venir.

Le portrait du mois

Aujourd'hui, c'est Philippe LEGRAND qui répond à nos questions.

Présentez-nous votre entreprise et votre parcours professionnel.

REN Atelier Architecture est un cabinet d’architectes qui accompagne les particuliers et professionnels dans leur projet de réhabilitation, rénovation, extension, et construction. Nous sommes spécialisés dans la haute performance énergétique et en particulier dans les constructions et rénovations passives avec un caractère architectural fort. Informaticien de formation initiale, j’ai réalisé ma première moitié de carrière professionnelle dans une grande entreprise industrielle et internationale au sein de la Direction des Systèmes d’Information. J’y ai appris la rigueur, la gestion de projets, le travail collaboratif et la qualité. Ma sensibilité et mes valeurs autour des enjeux environnementaux ainsi que la recherche de sens dans mon travail, m’ont poussé à quitter cet univers qui ne connaît que la croissance à tout prix avec les conséquences qui en résultent et que nous subissons tous.

Je me suis donc reconverti et me suis fixé comme objectif d’accompagner les maîtres d’ouvrage à réaliser des rénovations énergétiques globales et performantes principalement pour les maisons individuelles. C’est ainsi que sont nés BATI CONFOR’M, BE thermique, et BATI CONTRO’L, pour réaliser les tests d’étanchéité à l’air de l’enveloppe du bâtiment, les attestations RT2012 et les diagnostics thermographiques. J’ai également animé des formations DORéMI et de ventilation pour la région Grand Est. L’arrêt du dispositif DORéMI par la région Grand Est, l’absence de marché de rénovation globale et performante pour la maison individuelle et surtout la COVID ont été fatales à mes activités malgré plus de 10 ans de persévérance, d’accumulation d’expériences et de compétences, dont la construction passive.
J’ai été repêché si je puis dire par M. ROHMER, gérant de MEZ’O et maître d’œuvre avec qui j’ai collaboré depuis le début de cette aventure. Il m’a donné l’opportunité de me former au métier de dessinateur-projeteur. C’est ainsi que j’ai intégré dans un deuxième temps il y a 2 ans, REN Atelier Architecture partenaire de MEZ’O.

Pour quelles raisons avez-vous choisi de suivre la formation CEPH ? Quelles étaient vos attentes ?  

REN Atelier Architecture en tant que spécialiste de la haute performance énergétique, s’est naturellement intéressé à la construction et la rénovation passive qui est le concept le plus abouti en termes de performance énergétique du bâtiment. Le gérant, M. RAUX a suivi la formation CEPH il y a un an.
Formé il y a plus de 10ans au passif et chargé de réaliser les calculs PHPP et de ponts thermiques, une mise à niveau s’imposait notamment pour la partie encodage des systèmes et compréhension de certains détails. En passif, il faut être méthodique et rigoureux.

Quels gains de compétences spécifiques avez vous réalisé grâce à la formation CEPH, et comment ces compétences inspirent votre travail quotidien ?

Ce qui fait qu'on peut aller sereinement vers la réalisation d'un bâtiment passif est en premier lieu évidemment la connaissance : il faut être formé et connaître les règles de base. Ensuite au niveau des compétences, pour un architecte ou ingénieur du bâtiment, il s'agit d'être rigoureux et de faire preuve de bon sens. Nous avons à nous améliorer en continu. Même après plus de 15 ans à faire des bâtiments passifs nous continuons de mettre en place des procédures en interne pour ne pas rater d'étapes clés, ni en conception ni en chantier.
Nous sommes en train de traverser une crise qui touche le prix des matières premières, comment faites-vous face à cette situation ?
Cette crise économique liée à l’augmentation des prix due au Covid et la Guerre en Ukraine concerne tous les acteurs du marché, du plus médiocre au plus qualitatif. Il n’y a pas de distorsion de concurrence supplémentaire en fait. Elle a en effet stoppé plus d’un projet au cours de ces 2 dernières années, du fait que les prix soient volatiles et par conséquent, qu’il n’y ait plus aucune maîtrise des budgets. Par contre, proposer une solution constructive réellement sobre en énergie devient un atout beaucoup plus valorisé que par le passé. Les maîtres d’ouvrage commencent à comprendre que le prix de l’énergie va s’envoler dans les décennies à venir. Ils prennent de plus en plus en compte le coût d’exploitation en plus du coût de construction. Cette crise pourrait-elle devenir une opportunité pour le passif ?

A l’heure actuelle, pensez-vous que le passif soit la solution pour rendre la construction plus soutenable et pourquoi ?

Le bâtiment est le premier émetteur de CO2 en France avec 25% d’émissions dont 1/3 des émissions sont dues à la construction et 2/3 sont dues à l’utilisation des bâtiments, correspondant notamment à la combustion de combustibles au sein des bâtiments (chauffage et production d’eau chaude sanitaire) et à l'usage d’équipements électro-domestiques.
Pour une maison individuelle neuve, le passif avec certification réduit les consommations de chauffage d’un facteur 2 à 3 comparé à la réglementation RE2020 actuellement en vigueur et permet aussi d’éviter un système de rafraîchissement en été, du moins tant qu’on reste en-dessous d’une augmentation de la température moyenne autour de 2.0°C en France.
Donc oui, le passif permet de réduire la consommation énergétique en phase utilisation du bâtiment et apporte ainsi un bénéfice positif en termes de soutenabilité. Mais je pense que cela est insuffisant. A mon sens, il faut aller vers plus de sobriété et plus de cohérence en réduisant par exemples les surfaces habitables par personne et surtout les consommations électro-domestiques du type frigo américain, jacuzzi, piscine, etc. Bref, il faut revoir les priorités de nos besoins.

50% des matières premières consommées dans le monde sont utilisées par le secteur du bâtiment. L’impact environnemental est colossal et les gisements de réduction de celui-ci tout autant. Il faut encourager la réhabilitation, mutualiser les usages, recourir aux produits recyclés, biosourcés et locaux (plus d’économie circulaire vs économie linéaire). Sur ce point, le passif est en retard par rapport à la RE2020. Rappelons tout de même que pour l’instant, la RE2020 est mono-critère et ne prend en compte que le poids carbone. Quid des autres indicateurs environnementaux de la norme environnementale NF EN 15804 comme « épuisement des ressources », « besoin en eau » ou encore « Acidification » ?

A ce jour, nous n’avons pas encore analysé dans le détail, l’impact carbone de la construction entre un projet RE2020 et passif. Nous étudions actuellement des solutions logicielles afin de connaître l’impact environnemental dès la phase conception à partir d’une maquette numérique.

I have a dream : « Faisons du passif et de l’éco-construction un standard».

Pourriez-vous partager un moment mémorable ou une réalisation dont vous êtes particulièrement fier dans votre parcours professionnel ? expliquez votre choix.

J’avais conçu ma première maison passive il y a plus de 10 ans avec MEZ’O. Ça a été un sacré challenge à l’époque où j’avais encore peu d’expériences dans le bâtiment. Mais, le respect des principes de conception du passif et surtout notre rigueur ont permis de transformer ce premier essai.
Mon premier projet avec REN Atelier Architecture a été encore plus enrichissant car notre double compétence a permis d’avoir une maîtrise aussi bien de la conception architecturale que technique. Ceci est un atout pour réussir des projets aussi exigeants que le passif. De plus, le fait de collaborer au quotidien avec l’équipe de Mez’O composée d’économistes et de conducteurs de travaux a également été un avantage certain pour la réussite de ce projet. Si les compétences techniques sont nécessaires et relativement faciles à acquérir avec une bonne formation et un peu de curiosité, le travail collaboratif et l’esprit d’équipe sont indispensables pour concrétiser avec succès un projet passif.

Pour moi qui viens du monde de l’industrie d’excellence, faire de l’excellence dans le bâtiment et du travail collaboratif m’a apporté beaucoup de satisfaction.

Merci Philippe pour cet échange et ce retour d'expériences.

Projet Labaroche
Plus d'infos ici : https://passivehouse-database.org/index.php?lang=en#d_7422

Zoom : Les bâtiments passifs sur vos lieux de vacances

Hôtel en France
Plus d'infos ici : https://passivehouse-database.org/index.php?lang=en#d_5470

Hôtel en Espagne
Plus d'infos ici : https://passivehouse-database.org/index.php?lang=en#d_7174

Musée en Allemagne

Plus d'infos ici : https://passivehouse-database.org/index.php?lang=en#d_3903

Piscine d'un hôtel en Autriche

Plus d'infos ici : https://passivehouse-database.org/index.php?lang=en#d_4981

Ailleurs...

Situé au bord du lac de Milstatt en Autriche, l'établissement de bains de Carinthie incarne une construction respectueuse de l'environnement et exemplaire en matière d'efficacité énergétique. Cet établissement se distingue par l'utilisation de matériaux et de technologies avancées visant à minimiser son empreinte écologique tout en maximisant son rendement énergétique.

L'enveloppe du bâtiment est entièrement réalisée en bois, un choix qui reflète l'engagement de l'établissement envers des pratiques de construction durables. L'accent est également mis sur l'application des connaissances techniques les plus récentes en matière de chauffage, de ventilation et de gestion de piscine, afin d'optimiser l'efficacité énergétique de ces systèmes.

Un des points forts de la conception de ce bâtiment réside dans l'exploitation des énergies renouvelables. Toute la surface du toit, orientée sud-ouest, est équipée de panneaux solaires thermiques. Ces panneaux permettent de capter l'énergie solaire pour couvrir une part significative des besoins énergétiques de l'établissement.

La conception de l'enveloppe passive de la maison ne se limite pas seulement aux étages supérieurs, mais s'étend également au local technique. Cette approche garantit une isolation thermique optimale et une réduction maximale des pertes d'énergie. De plus, le système de ventilation, particulièrement efficace sur le plan énergétique, permet de récupérer jusqu'à 90 % de la chaleur, contribuant ainsi à une utilisation plus efficiente de l'énergie.

L'établissement de bains de Carinthie à Milstatt est donc un modèle de référence en matière de construction écologique et d'efficacité énergétique, démontrant qu'il est possible de combiner confort, esthétique et respect de l'environnement dans une même réalisation.

Surface : 1446 m2
Architecte : Architekten Ronacher ZT GmbH
Building services TB Ing. Meisslitzer KG
Building physics Pabinger & Partner ZT GmbH

Crédit photo : M.3D Peter Manhartsberger e.U. - Hannes Pacheiner
Lien : https://passivehouse-database.org/index.php?lang=en#d_4985

Les chiffres : La construction en chiffres

Cette année, la température moyenne de la Terre a augmenté de 1,5°C, atteignant ainsi une moyenne annuelle de 17,1°C. (www.lemonde.fr)
En milieu urbain, les températures peuvent être de 4 à 5°C plus élevées qu'à la campagne en raison des îlots de chaleur urbains. Ces zones, résultant de la concentration de bâtiments, de routes et d'activités humaines, accentuent la surchauffe en ville par rapport aux zones rurales. (www.lenergietoutcompris.fr)
Un des cinq critères essentiels pour obtenir le label Passivhaus stipule que le bâtiment ne doit pas connaître une surchauffe supérieure à 10% par an. Cela signifie que la température intérieure de l’habitation ne doit pas dépasser 25°C plus de 10% du temps au cours d’une année. (www.passivact.fr)
Le triple vitrage, requis pour répondre aux critères passifs, permet d’assurer un confort l’été, puisque puisque la capacité de filtre de la chaleur de ces fenêtres peut réduire de 60 à 80% l’effet du rayonnement solaire tout en garantissant une haute entrée de la lumière naturelle. (www.voltimum.fr)

Nos formations

FORMATION CBP : Concevoir un Bâtiment de type Passif
Prochaine session : 05/09/2024
La conception d’un bâtiment passif nécessite un savoir-faire spécifique.
Afin de répondre à la demande grandissante de constructions passives, la formation CBP apporte tous les éléments nécessaires aux professionnels qui veulent développer ce type de constructions.
Formation inscrite au Répertoire Spécifique France Compétences RS6644

EXAMEN CEPH : Certification CEPH Rénovation et Artisan Rénovation
Prochain examen : 29/11/2024
L'examen CEPH vous permettra d’obtenir la qualification Certified European Passive House designer / Concepteur-Conseiller Européen bâtiment Passif
La qualification CEPH a une validité de 5 ans et vous permet d’être enregistré dans les bases de données européennes officielles : www.passivhausplaner.eu et www.passivehouse-trades.org, ainsi que sur l'annuaire des diplômés du site Propassif .

FORMATION CEPH-R & CEPHA-R : Certification CEPH Rénovation et Artisan Rénovation
Prochaine session : 19/09/2024
Vous souhaitez approfondir vos connaissances en rénovation passive ?
Cette formation vous permettra d’acquérir des compétences dans ce domaine.
Formation de 3 jours.
Si vous passez l'examen,  il vous permettra d'obtenir  la certification Passivhaus, «Rénovation Efficacité Energétique» (add-on de votre certificat CEPH/CEPH-A valide)